jeudi 24 janvier 2008

Il faut se mettre au Judo

Très cher Georges, bonjour

 
 

Globalement bien d'accord avec tes analyses et remarques diverses, allant de Bush, Hitler et Mussolini à Poutine et Sarko en passant par la Turquie... finissant par le trop de l'h entre le t et l'y ! rires

 
 

La Politique active, donc Art de diriger la Cité et ses citoyens, reste pour moi le seul chef d'orchestre-régulateur-médiateur possible. Un gars comme Besancenot, qui ne souhaite en aucun cas gouverner alors qu'il a des approches séduisantes, ne fera de Parti que pour des contestataires éternels. C'est en gouvernant que l'on s'aperçoit très vite des limites de l'exercice de régulation et donc de la nécessité de composer, de remanier ses dogmes, les éternels arbitrages.

 
 

Je répète, selon moi,  "l'exploitation de l'homme par l'homme" est liée à la nature même de l'homme. A mon avis, illusoire de croire en la disparition de cette fâcheuse habitude au sein des grands ensembles de sociétés. Donc lier l'idée de Socialisme à l'éradication totale de cet élément propre à la nature même de l'homme, est utopique. Par contre, faire du Socialisme le camp qui veille à ce que les Philosophes ou artistes ou autres ne se "masturbent" pas à longueur de journée en laissant les autres trimer pour les nourrir, oui... ça peut être réalisable.

 
 

Remarque que pour les Pharaons, les paysans trimaient dur des années pour construire les stations spatiales que sont les pyramides (en alternance avec leur travail quand les crues le permettaient) juste sur l'idée-croyance (c'était la 1ère Religion, donc le 1er obscurantisme des Civilisations) que leur Roi bien aimé ou pas, veillera immanquablement sur eux quand il sera dans l'au-delà...

 
 

Es-tu d'accord pour dire que génétiquement l'humain fonctionne sur le triste principe du "dominant/dominé"... l'exploitation étant l'une des formes de la domination, tout comme le capitalisme, tout comme les dictatures du prolétariat ou pas... ?

 
 

Au sein d'un couple, on parvient enfin et seulement aujourd'hui à réguler ces instincts dominant/dominé en privilégiant par la raison la complémentarité, le nécessaire équilibre entre les deux partenaires, la juste répartition des plaisirs et de l'effort, que ce soit au sein de la famille ou envers son environnement. Il n'empêche que tous les autres modèles continuent d'exister.

 
 

Le Socialisme c'est ce qui imposera au machisme du capitalisme de s'occuper aussi d'autres "bien êtres" que la seule richesse et pas que par charité chrétienne. Par obligation tout court.

 
 

Dire que le Socialisme peut éradiquer les instincts et violence des dominants, douce utopie. Réguler les flux, endiguer les effets néfastes, oui.

 
 

Quant à l'Europe, si je comprends bien, il faut en sortir, en essayant d'en convaincre 5 ou 6 autres pour faire de même, et reconstruire avec eux une nouvelle Europe Bis... dommage, j'aimais les couleurs du drapeau actuel... rires jaunes... Sérieusement, je crois que là aussi il faudra appliquer les lois physiques qui régissent les Arts Martiaux... ce n'est pas parce que l'adversaire est plus gros ou plus fort, qu'il faut l'attaquer de front... il faut jouer avec ses énergies à lui...

 
 

Mais ça, c'est de la pure stratégie... qui peut s'appliquer en politique ? je pense que oui.

 
 

Au 20ème, l'Internationale Socialiste et ses idéaux louables avaient le vent en poupe (il a quand même fallu attendre en France 1981) profitant aussi d'un cycle décadent du capitalisme... ça a permis de nombreuses avancées, parfois des drames (URSS-Chine-Corée du Nord)... aujourd'hui, avec la libération de l'artisanat moderne, les Services, l'Entreprise individuelle (et donc le capitalisme à toutes les échelles) a le vent en poupe... pour les autres, "travailler plus pour gagner plus" tombe sous le sens de bien plus que 53% d'entre eux... Comment dans ce contexte affirmer que le seul Socialisme pur et dur, qui a pour objectif de repenser toute l'économie (donc mondiale), d'éradiquer l'exploitation de l'homme par l'homme (concept non chiffré)... va pouvoir séduire ???? Il faut se mettre au judo...

 
 

Un peu comme le concept d'environnement durable a enfin pris : dès que l'on dit en 2007 "c'est un marché porteur, rentable, qui va vous permettre de vous faire des couilles en or"... toutes les oreilles se tendent et s'y essayent... les capitalistes les premiers...

 
 

Le tout est donc de choisir entre : une "réal-politique" fine, stratégique et subtile qui permet de réguler les flux au mieux des intérêts de toutes les parties, ou une politique qui affiche des objectifs pas crédibles pour l'ensemble des citoyens. Le Peuple c'est trop sournois et vague comme ensemble.

 
 

Veut-on le Pouvoir pour mettre en marche l'ensemble des citoyens (et donc ce y compris les capitalistes qui sont souvent des groupes d'hommes aussi) pour mieux réguler et tendre vers des idéaux pas si innés que ça, ou rester dans l'Opposition éternelle pour tirer sur tout ce qui bouge au risque de finir par être inaudible et dissous ??? en tout cas sans cesse désavoué par la cohorte des majorités "décomplexées"...

 
 

C'est tout le sens de mes verbiages & positions.

Ca y est, j'ai passé le correcteur... il y en avait quelques unes ! (éradication avec un q en trop par exemple !) rires...

 
 

Bien à toi, Nihad.

 
 

 
 

----- Original Message -----

From:
georges.glise34

To:
Nihad YOUSRI

Sent: Monday, January 21, 2008 9:17 PM

Subject: Re: Sens éthymologique du mot Politique


 

 Ami,

 La politique, c'est tout ce qui concerne les affaires de la cité (polis). Ca ne concerne pas que la démocratie: l'oligarchie,et même la dictature sont des politiques., même si elles sont détestables.

 Pour ce qui est de la démocratie, il ne faut pas oublier  qu'elle peut être un leurre : Hitler  et Mussolini  sont  arrivés au pouvoir démocratiquement. Bush aussi.

 Question : qu'est-ce que la démocratie, quand tous les pouvoirs sont dans le même camp, et même en grande partie dans les mains d'un seul ?  Qu'est-ce que la démocratie, quand les medias, qui procèdent au bourrage de crâne, sont presque tous dans le même camp ? Qu'est-ce la démocratie quand nous voyons un  Sénat , élu par les notables, qui n'a jamais connu la moindre alternance ? Onfray a parlé l'autre jour de "crétinisme démocratique", moi j'évoque souvent la "démocrassouille".

 Quand à la démocratie américaine, c'est de toute évidence une ploutocratie, car si on n'a pas de très gros moyens financiers on ne peut pas se présenter aux élections. Et je ne parlerai pas de Poutine !

  Bien sûr, les intérêts du capitalisme (dont je répète qu'il a constitué un formidable stade de développement de l'humanité) sont  fondamentalement antagonistes de ceux des salariés. Car le but fondamental des socialistes étant en principe de "mettre fin à l'exploitation de l'homme par l'homme", il s'agit de mettre en place un système économique entièrement nouveau, dans lequel cette exploitation n'existera plus, parcequ'il n'y en a plus besoin !

 Pour avoir à Athènes des grands philosophes comme Platon et Aristote, des sculpteurs comme Phidias et Praxitèle, de grands auteurs comme Sophocle et Aristophane, de grands historiens  comme  Thucydide, etc... , il fallait que des esclaves travaillent pour les nourrir, pour faire marcher les mines, le commerce, la marine, l'industrie.... Cela a continué au fil des siècles  : c'est une sorte de division du travail; il peut exister des auteurs, des philosophes etc... "bourgeois", parce qu'il y a des travailleurs dont on fait "suer le burnous". Le développement économique mondial est tel que cette "division du travail" n'a plus lieu d'être aujourd'hui.

   Tu penses que le capitalisme peut être "raisonnable", se dire qu'il a besoin de tous les humains comme consommateurs, etc... Si  c'était le cas, le capitalisme pourrait sans doute être  effectivement éternel, parce que cela signifie qu'il peut atteindre une régulation définitivement efficace, savoir modérer ses appétits, ou du moins que les Etats peuvent parvenir à lui imposer définitivement une régulation mondiale cohérente.  Je ne crois absolument pas que cela soit possible, parce que si c'était le cas, le développement serait moins inégal, les guerres -qui trouvent toutes leurs raisons d'être dans des crises économiques plus ou moins fortes - n'existeraient plus, etc... Et surtout, la logique même du capitalisme repose sur la concurrence; il n'y a pas d'autre issue que de manger ou être mangé. Cette concurrence entraîne des concentrations telles que le  passage à un autre stade d'organisation économique (le socialisme) devient infiniment plus facile à mettre en oeuvre...

 Quant à la Justice et à la  Solidarité, qui sont des vertus chrétiennes, je ne les méprise pas, puisque comme je te l'ai dit, je ne veux pas de la politique du pire. Mais pour moi, ceux qui  limitent  à cela  leur but fondamental et leur programme   politique  se livrent à une escroquerie s'ils se prétendent "socialistes".

 Pour ce qui concerne un programme électotal, par exemple pour 2012, il me semble évident que des propositions concrètes sont indispensables. Il ne s'agit pas d'agiter un drapeau en criant "socialisme ! socialisme !" , ce qu'Arlette fait très bien, mais de proposer des avancées concrètes ,   réellement animées par une vision théorique d'ensemble claire, mises en regard de ce que j'appelerai "l'espace du possible", plutôt que cet infâme brouet du programme du PS de 2007, qui n'était qu'un ramassis de mesurettes dont on ne voyait pas la cohérence.

 Quant au Traité Européen, je ne veux pas revenir sur le déni de démocratie auquel se livre Sarko avec la complicité du PS. Aucune avancée, même "à petits pas", par rapport au traité de 2005. Je ne veux pas de cette Europe libérale, qui ne présente absolument aucune avancée sociale ni aucun progrès vers l'harmonisation fiscale. Je ne veux pas d'une Europe à 27 membres pratiquant entre eux "le moins disant social", qui n'est qu'une zone de libre échange; je ne veux pas de cette Europe dont la moitié des membres voudraient être  des Etats membres  des USA. Je ne veux pas d'une Europe dont sera membre la Turquie, en voie d'islamisation rampante, alors qu'il s'agissait  jadis d'un état laïque. Il vaut mieux essayer de reconstituer une unité réellement fédérale à 6 ou 7. La Norvège et la Suisse n'appartiennent pas à l'UE et s'en passent fort bien.

  C'est tout pour aujourd'hui !

 Cordialement

 Georges

 nb : étymologique : sans h entre le t et le y

Aucun commentaire: